dimanche, 02 juillet 2006
Pour un peu, de Roland Tixier (in Casse n° 21)
pour un peu
on dirait que l’automne
- vaste verte lumière
revers de brume –
ne finira pas
*
voici venir à nous
les grands oiseaux immobiles
les paysages lents
la rumeur des clochers
à la tombée de la nuit
l’âge au fil noir des hirondelles
*
ce n’est rien sans doute
qu’un frisson de plus
en travers de décembre
une parole
peut-être l’air du temps
*
voici le fil de l’eau
long cours de paillettes
les hommes ont déserté le fleuve
tu cherches les mots sûrs
les mots qui t’accompagnent
*
regards dans le métro
de froid de feu d’usure
grésil des mémoires
depuis longtemps tout est dit
pour un peu s’effaceraient
les cadrans des horloges
*
pluie sur la banlieue est
dimanche après-midi
tout semble ainsi depuis toujours
à peine à la radio
des nouvelles d’ailleurs
*
rue Jules Kumer
petite rue de Villeurbanne
où l’on apprend
à plier les ailes du temps
et deviner la mort
*
j’ai toujours en tête
un ange de faïence
au faîte d’une colonne
ce serait la nuit
dans une ville du nord
il ne pleuvrait pas
*
retourne-toi regarde
tu as longé les haies
tu n’as rien dérangé
dans le paysage
laisser tout en ordre
on ne sait jamais
extraits de Pour un peu, Les Carnets du Dessert de Lune.
in Casse n° 21
06:52 Publié dans Archives de Casse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Culture, Poesie