samedi, 07 octobre 2006
Textes peu sérieux, de Max Laire (in Casse n° 10 et 17)
14 vraiment très timides essais de réflexions peu sérieuses à mettre néanmoins en toutes mains
C’est par une fuite qu’un réservoir perd son essence.
C’est par une fuite que certains hommes la conservent.
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Les rêves choisissent leur compagnie une gomme à la main.
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Sans défenses, les éléphants seraient mieux armés pour vivre.
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Même un analphabète peut coller une affiche.
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Dans mon village tous les chiens aboient.
Pourtant, jamais une caravane ne passe.
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Rien ne sert de crier : « Qui est là ? » quand on entend un bruit sourd.
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Mariés sans progéniture, ils adorent avant tout le calme de leur intérieur. Aussi, utilisent-ils le langage des sourds-muets.
Toutefois, sans en abuser.
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C’est dans les temps morts que je vis le plus.
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Un tour de France est une révolution française.
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Dans le village il est considéré comme un spécialiste.
Lui seul peut encore traire les vaches à la main.
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Par respect pour les cigares qu’il fume, il a remplacé les cendriers par des urnes.
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J’ai tellement de rêves que parfois j’ai la sensation de vivre en dormant.
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Il n’aime pas les escargots sans jamais en avoir mangé.
Il n’aime pas les Juifs sans jamais en avoir rencontré.
En bref, il ne se fie qu’à son ignorance.
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Notre entente était telle qu’elle lisait dans mes yeux et chaque fois qu’il fallait tourner la page, je fermais les paupières.
in Casse n° 10
Textes peu sérieux à mettre en toutes mains
Ne donnez des conseils éclairés que le soir.
Doutant de la réalité de tout, il devint faussaire.
Pour raccourcir sa solitude, elle marche à petits pas.
Des bougies expiraient, rejoignant le mort qu’elles veillaient.
Un stylo contient ses cartouches de chasseur d’émotions.
A l’horizon, des meules de foin usent le soleil.
Quand la solitude est trop forte, il sort et frappe à sa porte.
Pour bien montrer son ennui de ne plus voir personne, ostensiblement sa porte baille.
Existence.
Course relais de naissances.
Paupières.
Volets du sommeil.
Avec fermetures vendues en pharmacie.
Voûté par les ans, il put se pencher tendrement vers l’enfant.
Jadis, quand les photographies atteignaient leur automne, elles jaunissaient.
Ecrire.
Suivre sa voix, avec trois doigts.
Conversation intime.
Des mots qui, discrètement, changent de domicile.
Après avoir joué à vivre, disparaître comme un enfant qui joue à mourir.
Il la regarda partir.
Devenir de plus en plus petite.
N’être plus qu’un point.
Point final de leur aventure.
in Casse n° 17
07:48 Publié dans Archives de Casse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Culture, Nouvelles et textes brefs
Commentaires
le sourire ne m'a pas quitté en lisant ce texte,
un sourire sérieux bien sûr
j'ai découvert ce blog grâce à Raymond Alcovère, je lui en suis reconnnaissant
Écrit par : kalima | mardi, 24 octobre 2006
Merci, Jean-Jacques, pour cet hommage à Max Laire, décédé il y a deux ou trois ans. Il produisait peu mais quelle qualité !
Écrit par : Éric Dejaeger | mercredi, 25 octobre 2006
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