mardi, 13 juin 2006
Gaspard Hons (in Casse n° 1)
L'ange pèse la pure beauté des choses, de Gaspard Hons
le voyageur abandonne ses bagages, le voyageur reprend la route, le voyageur se confond avec d'autres voyageurs, il prend place à bord d'une bulle de savon, il caresse le genou de l'amante, il lèche les yeux de l'amante, il suce l'orteil de l'amante, le voyageur parcourt les archives du bonheur, du désarroi, de la tristesse. Le voyageur prend appui sur l'horizon, sur la transparence de l'aube, sur l'éclipse du monde, le voyageur traverse la mémoire, le désir et le fond des choses. Le voyageur connaît de la beauté des choses, de la finalité des livres, le voyageur n'a jamais quitté ses bagages, n'a jamais quitté son corps, n'a jamais quitté ses doutes, le voyageur n'a jamais quitté ses illusions
la pure beauté des choses échappe à la logique des hommes, elle est folle la pure beauté des choses, elle n'est d'aucune utilité pratique, la pure beauté des choses se consomme comme la Campbells Tomato Soup. La pure beauté des choses s'endort au bord des piscines, traverse le mot utopie, trace des graffiti sur les murs des villes, envoie des cartes postales aux actrices de cinéma, la pure beauté des choses se confond avec la couleur verte du printemps, avec un envol d'oies, avec une étoile jaune, avec l'âge du monde, avec un tube de dentifrice. La pure beauté des choses, la compassion, le chant du merle, le remuement d'une feuille, la solitude,...menacent la sécurité des philosophes
entrons dans la maison, entrons dans la maison de la beauté, dans la maison des choses ; la maison parle, elle parle de la maison, de la beauté, elle parle des choses, elle parle de la parole, de la biographie de la parole, elle parle de la parole déchirée, de la parole meurtrie, de la parole oubliée. La maison vit à l'intérieur de la maison, elle ferme portes et fenêtres, elle caresse le chat, la maison ne pense à rien, elle cesse d'exister, elle perd la mémoire, elle respire mal, elle souffre, elle éteint la lampe, la maison suit sur l' écran la charge de la dernière brigade, le mot fin ne changera rien à l'ordonnancement du monde
in Casse n° 1
06:00 Publié dans Archives de Casse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
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