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lundi, 06 novembre 2006

Le rêve intérieur, de Jean Chaudier (in Casse n° 7-8)

Poésie la vie entière dites-vous
Poète de Louisfert vous avez poussé
Votre table tout près de la fenêtre
Et de cet établi vous regardez la
Grande ruée des terres vers le soleil

La nuit venue vous allumez votre lampe
Et très tard elle brille encore dans
Le silence de la campagne et le père
Moreau vous salue sous la pluie des
   Etoiles

Oui René Guy dans notre mémoire
Vous vivez constamment et nous lisons
Vos poèmes avec cette émotion des grands
   Fonds

Très cher Poète de Louisfert éternellement
Vous habitez dans la maison d'Hélène
   Attentif à tous les biens de ce monde

Mais toute une vie peut basculer
N'est-ce pas Joe Bousquet jeune
Lieutenant qui montiez au combat
   Botté de rouge

Quelle idée ! et pour l'amour d'une
Femme cette fantaisie devint presque
   Mortelle

Il ne vous reste plus que cette chambre
De Carcassonne aux rideaux tirés
Avec des livres et des tableaux et de l'opium
   Pour les heures trop tenaces

Ainsi allongé paralysé vous commencez une
Autre existence et vous écrivez et vous
Renaissez grâce au langage conquérant
   L'autre part de vous-même

Poète immobile vous nous avez donné une
Belle leçon de langage entier et la nuit
Venant nous ouvrons la fenêtre au vent
Très léger et bonsoir au Meneur de Lune !

Nous tenions votre cheval souvenez-vous
Amour l'ombre sur la main le visage à découvert
Aucun regret et le chant des abîmes
Qui comprendra ce silence toujours au bout
Du chemin un temps et l'irruption des
Mots qui entourent l'univers c'est déjà le seuil
L'intelligence commence par cette violence
De la langue bâtisseuse de lotissements intérieurs
Mais Max que faisiez-vous rue Ravignan
Une gouache de l'astrologie et des poèmes toujours
Mis de côté et ils venaient vous voir dans cette
Petite chambre les poètes les peintres les musiciens
Et combien sont sortis de cette malle où vous
Teniez vos trésors et un jour vous avez vu le
Christ sur le mur et vous avez quitté Paris
Et ses tentations pour la méditation à Saint-
Benoît-sur-Loire et tout contre la basilique
Vous avez mené la vie du pénitent en maillot
Rose et toujours peignant écrivant et priant
   Ce Dieu chrétien

Et puis l'étoile jaune l'arrestation et la
   Mort au camp de Drancy
Bien sûr honte aux bourreaux qui vous ont
Assassiné parce que vous étiez juif oui honte
A eux et lisons vos poèmes comme vous les
Avez écrits
   Jeux de mots
   Fantaisie et
   Juxtaposition des images
Et maintenant tout le monde sait que
Le chef des cuisines n'était autre que Fantomas

Ah, jeune fille la rivière passe la douane
Des herbes et s'en va tournoyant sur elle-
Même et le pêcheur parfois distrait ne voit pas
Le bouchon qui s'enfonce il rêve aux anges
Emportés par le courant la Tour Eiffel
Tremble dans la Seine qui traverse
La grande ville
   Paris ! Paris !
Léon-Paul Fargue il est temps d'attaquer
La nuit qui commence il suffit de regarder
Le ciel de tâter du bout du pied le bitume
Et puis de s'en aller le chapeau bien posé et
Parfumé de toute part à l'eau de Cologne

Hep ! taxi et vous retrouvez chez Lipp
Les amis poètes et d'autres et le parler tout
Vocabulaire en ébullition de quoi repousser
Cette solitude si redoutable et de remonter
Le chemin de halage vers ce chant originel
   D'un passé glorieux

Piéton de Paris vous allez d'un quartier à l'autre
Hep! taxi il est temps de rentrer le jour se lève
Un jour encore avant d'être foudroyé et de rester
Immobile les marronniers du boulevard
Montparnasse montent vers votre fenêtre
   Tancrède
Et déjà s'estompe votre poésie gardienne
Du secret de l'enfance bien-aimée

Une fois encore nous te célébrons
Guillaume du 202 boulevard Saint Germain
Tu as coincé ta table sous le vasistas
Et la tête dans les étoiles tu écris
Des poèmes d'un pur lyrisme où se mêlent
Les cadences les plus diverses ouvrant ainsi
La voie à cette poésie moderne que tu
   Appelles de tous tes vœux
 

In Casse n° 7-8

 

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Commentaires

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Écrit par : Andy Verol | jeudi, 09 novembre 2006

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